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« Au Sahel, la France paie la facture d’un demi-siècle d’interventions militaires en Afrique subsaharienne »

Les échecs dans la lutte contre les djihadistes et la mémoire des politiques néocoloniales appliquées jusque dans les années 1990 sont le terreau du sentiment antifrançais qui traverse aujourd’hui la région, explique le chercheur Rahmane Idrissa dans une tribune au « Monde ».

Publié le 18 décembre 2021 à 05h00, modifié le 20 décembre 2021 à 06h37 Temps de Lecture 4 min.

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Des soldats français patrouillent dans les rues de Gao, au Mali, le 4 décembre 2021.

Il n’y a peut-être pas de sentiment plus mobilisateur au Sahel aujourd’hui que l’hostilité à la France, comme l’ont montré les péripéties quelque peu dantesques qu’a connues [en novembre] une colonne de ravitaillement de la force « Barkhane » engagée sur la « voie sacrée », [une route stratégique] menant de la Côte d’Ivoire au nord du Mali en passant par le Burkina Faso et l’ouest du Niger. Comment en est-on arrivé là ? A cela, au moins trois raisons principales.

Primo, la France paie au Sahel la facture d’un demi-siècle d’interventions militaires en Afrique subsaharienne. Une quarantaine en tout, soit une tous les quinze mois, du rétablissement manu militari du despote gabonais Léon Mba renversé par son armée en 1964 aux récentes opérations « Serval » et « Barkhane ». Jusqu’à ces deux dernières, toutes les interventions militaires françaises en Afrique étaient inscrites dans la vaste politique de contrôle néocolonial en Afrique noire décidée par Charles de Gaulle dès 1958, et poursuivie sans relâche par les différents gouvernements français au moins jusqu’à la fin des années 1990.

Cette politique associait la promotion des « intérêts stratégiques » de la France à la protection de « régimes amis », lesquels étaient généralement odieux à leur population. Depuis une trentaine d’années, la politique néocoloniale de la France est en déclin dans un contexte de mondialisation, de multilatéralisme et d’essoufflement économique et politique du pays dans l’arène internationale. Néanmoins, la France y a tellement investi par le passé, et de façon si souvent cynique et arrogante, que cela a fini par la définir plus que toute autre attitude aux yeux des Africains.

Disproportion de moyens

La deuxième raison est plus spécifique au Sahel. C’est l’échec de la lutte contre des djihadistes qui, non contents de prendre régulièrement d’assaut les forces étatiques, se sont habitués à massacrer ou piller les populations civiles. Cela a, bien entendu, réduit de façon considérable la patience desdites populations vis-à-vis de ceux qui prétendent diriger la lutte. Les armées locales appuyées par une flopée de forces internationales – non seulement « Barkhane », mais aussi les unités des forces spéciales européennes de la « Task Force Takuba », les forces onusiennes de la Minusma et les Américains armés de drones – se montrent apparemment incapables d’empêcher les djihadistes de sillonner les territoires à leur guise.

La disproportion entre les énormes moyens mobilisés et l’apparente insignifiance des résultats obtenus est un terreau fertile pour les théories du complot. Etant donné sa mauvaise image bien enracinée, la France est la cible pratiquement exclusive de ces théories, même si celle qui en fait la complice des djihadistes a perdu de ses attraits grâce aux contre-feux des gouvernants à Niamey et à Ouagadougou (Bamako est une autre affaire).

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